L'Ours Brun

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Depuis 1997, le Muséum Requien entreprend, sous la direction scientifique d'Evelyne Crégut-Bonnoure, des fouilles paléontologiques dans un aven du flanc nord du Mont Ventoux : l'aven du René Jean à Brantes.
Plusieurs dizaines de milliers de restes d'ours brun fossiles (Ursus arctos) ont été exhumés dont les ¾ appartiennent à de jeunes oursons.
Ce matériel est actuellement le plus riche d'Europe occidentale en nombre d'individus. Il est en dépôt au Muséum Requien à la suite d'une convention établie avec l'Etat et son représentant, l'Office national des Forêts, le site étant en forêt domaniale.

 

Le Mont Ventoux, de la légende à la réalité

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Jusqu'au XVIII° siècle, le Mont Ventoux a effrayé et inquiété les populations. On a parfois pensé qu'il était peuplé de tout un bestiaire fantastique (gnomes, farfadets...) et on a même dit que la Baume de la Méne, grotte de la face nord, était une porte ouverte sur le monde infernal, véritable "observatoire central du Démon". Malgré cette réputation les charbonniers, bergers et cueilleurs de simples des villages des piémonts ainsi que des scientifiques fréquentèrent ses pentes pour exploiter et connaître ses ressources naturelles. Dès 1561, le botaniste Anguillaria vint herboriser sur ses pentes. Cent ans plus tard, la première étude botanique est donnée par les frères Platter. De nombreux savants et amateurs fortunés gravirent le Ventoux en vue d'en déterminer la hauteur. En effet, vu de loin, le sommet calcaire, dépourvu de végétation, paraît recouvert de neiges éternelles, signe incontestable d'une importante altitude. Chacun prend plus de précautions que le prédécesseur, emporte le baromètre dernier cri et y va de sa mesure! Il va sans dire qu'aucune ne concorde.
Le XIX° siècle ouvre la voie à de nouvelles études scientifiques. Ce sont les botanistes qui œuvrent à nouveau. Ils narrent leurs pérégrinations et leurs découvertes, parfois par trop spectaculaires pour être exactes, dans de nombreux ouvrages. Cette masse "alpine" les inspire et donne libre cours à une imagination fertile.
Jean-Henri Fabre ne donne-t-il pas les noms très imagés de saxifrage du Spitzberg et de pavot du Groenland à deux plantes qui, bien qu'elles se rencontrent au-delà de 1000 m d'altitude, n'ont rien à voir avec ces régions éloignées et froides? Cette idée du caractère alpin du Ventoux demeure encore très tenace aujourd'hui bien qu'on la sache partiellement fausse. Comme le précise J. Blondel "ce massif présente davantage d'affinités avec la Grande-Chartreuse qu'avec le Vercors ... l'avifaune ...présente beaucoup plus d'affinités avec le groupe de montagnes méditerranéennes (Luberon, Sainte Victoire, Alpilles) qu'avec celui des préalpes en dépit de l'importance, non négligeable au Ventoux, d'éléments biogéographiques boréaux et montagnards absents du groupe méditerranéen" ( 1978).

 

A tout seigneur tout honneur... Le Mont Ventoux

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Mont des Vents, Cime Blanche ou Mont surgissant de l'horizon pour les marins, voici quelques étymologies de cette masse calcaire qui se découpe dans l'azur d'un ciel que le Mistral a purifié. Étiré d'Est en Ouest sur environ 24 km (d'Aurel à Malaucène), et sur 15 km du Nord au Sud, le Mont Ventoux culmine à 1.909 m. C'est le géant de la Provence intérieure. Sa hauteur est la résultante d'un grand plissement du sol dont les prémices affectèrent la Provence il y a près de 120 millions d'années.
Ce massif a acquis ses lettres de noblesse au XIX° siècle grâce au scientifique avignonnais Esprit Requien. Si ce savant y découvre de nombreuses espèces nouvelles pour la flore française, il remarque aussi l'étagement végétal du massif qui varie en fonction de l'altitude et de l'exposition : c'est la naissance de la phytosociologie. Ces données inédites, reprises et publiées par Charles Martins, nous montrent un Ventoux en situation de fort défrichement. Grâce à la loi de 1860 sur les reboisements des montagnes, les peuplements naturels sont rapidement complétés par de nouveaux apports et la montagne se pare de nouvelles espèces (Mélèze, Pin syvestre, Pin noir, Cèdre).
Chaque recoin de la montagne abrite une faune de mammifères variée. Dans les zones boisées le sanglier, le cerf, le chevreuil se côtoient. L'opportuniste renard et le puissant blaireau sont les seuls gros carnivores sillonant aujourd'hui ce massif. Comment oublier que le loup, si présent dans les noms de lieux de Provence, survécut ici jusqu'en 1880? Discrètes, la fouine et la belette s'attaquent au petit monde des rongeurs. Le mouflon de Corse, introduit en 1964, a élu résidence dans les zones escarpées des alentours de Bédoin et de la Font Margot (Sault-Aurel). Le chamois égaie les enrochements et les falaises du versant septentrional. Dans la nuit, les bois résonnent du bruissement d'aile des hiboux grand-duc et petit-duc et des chouettes, hulottes et chevêches.
De la Provence méditerranéenne à la Provence alpine, c'est tout un univers hors du commun qui s'offre à celui qui sait chercher et observer aux portes d'Avignon.

 

L'homme et le climat, la révolution néolithique

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L'HOMME ET LE CLIMAT
Les diverses oscillations climatiques sévères et rapides qui clôturent les temps glaciaires (Pléistocène), ont provoqué en Provence, comme dans le reste du monde, des transformations de l'environnement. Elles ont eu pour conséquence une modification des associations animales allant vers un appauvrissement graduel de la grande faune avec notamment disparition des herbivores et des carnivores de grande taille ainsi que des espèces de climat froid et sec.
Les extinctions et la redistribution des aires géographiques des espèces sont liées au déséquilibre climatique. Mais la part de l'Homme dans les changements de faune n'est sûrement pas négligeable : par l'augmentation de ses effectifs, son activité prédatrice (chasse) et ses actions de déforestation liées à l'extension de l'agriculture, il a accéléré les processus d'élimination des populations animales en déséquilibre écologique.

 

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LA REVOLUTION NEOLITHIQUE
L'influence de l'Homme sur son environnement n'est effective qu'à partir de "la Révolution néolithique" (de 4.500 ans à 7.500 avant nos jours). La phase climatique qui préside à ce bouleversement est celle de l'Atlantique, au climat chaud et humide.
L'Homme découvre la domestication de l'environnement végétal (agriculture) et animal (élevage), passant ainsi de l'économie du chasseur-cueilleur nomade à celle d'un sédentaire agriculteur et éleveur : il devient producteur de sa subsistance.
En Provence, la grande faune sauvage comporte le loup, le renard, le lynx pardelle, le chat sauvage, la martre, la fouine, le blaireau, la loutre, le sanglier, le cerf élaphe, le chevreuil et le grand bœuf sauvage. Dans les Alpes et ses bordures ainsi que sur quelques hauts reliefs de la Provence occidentale, tels le Mont Ventoux et la Sainte-Baume, s'observent l'ours brun, le bouquetin et le chamois. Très probablement la belette et le putois devaient être présents mais, pour l'instant, aucun site de cette période n'a livré leurs restes.

 

L'ours brun en Vaucluse

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DES OSSEMENTS EN MILIEU KARSTIQUE : UNE COLLABORATION ENTRE SPELEOLOGUES ET SCIENTIFIQUES
Le milieu karstique est un milieu favorable pour l'étude des traces et des vestiges préhistoriques mais aussi des témoignages fauniques représentatifs de l'environnement naturel de l'homme préhistorique.
Grottes, pieds de falaises, abris sous-roche ont de tout temps attiré les hommes et les animaux. Certaines cavités ont joué le rôle de pièges naturels.
Les découvertes dans le domaine profond sont toujours le fruit des prospections des spéléologues. Les scientifiques susceptibles d'intervenir dans ce milieu (paléontologues, archéologues...) sont directement tributaires de l'activité spéléologique.
Grâce à une étroite collaboration entre ces divers acteurs, une nouvelle discipline est née : la paléospéléologie qui se propose d'aborder l'ensemble des traces laissées par les hommes et les animaux dans le monde souterrain profond en tentant de répondre aux questions : quand ? Comment ? Pourquoi ? Sont-ils venus sous la terre.

 

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L'OURS BRUN EN VAUCLUSE
L'ours brun se trouve rarement à l'état fossile en Vaucluse. Il a été découvert dans trois sites contemporains de l'Homme de Néandertal : Bau de l'Aubesier (Monieux), grottes de Vallescure (Saumanes) et de La Masque (Entrechaux). On le trouve à l'âge du Bronze dans le Mont-Ventoux ainsi qu'à l'aven du Chat ou aven du Contadoux (Sault) et dans les niveaux du Campaniforme du quartier de la Balance à Avignon.

 

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DES OURS BRUN DANS LE MONT VENTOUX
En 1994, un aven est découvert en prospection par un membre du Groupe Spéléologique de Carpentras sur la face nord du Mont Ventoux, en forêt domaniale de Brantes. Ce n'est qu'en 1996 qu'il sera exploré.
Le site est une petite galerie sur faille de 3 m de long qui débouche sur un puits vertical d'environ 17 mètres. Une salle trapézoïdale d'une dizaine de mètres de long et de 5 m de large, avec latéralement un passage bas, occupe le fond. Un peu partout des ossements d'ours brun émergeaient.

 

Les avens du Mont Ventoux. Une énigme à résoudre

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La présence de restes d'ours brun n'est pas exceptionnelle dans les cavités karstiques européennes, mais l'espèce y est toujours connue par des restes épars. Outre le René Jean, le Groupe Spéléologique de Carpentras a localisé sur le flanc nord du Ventoux 17 avens situés entre 1.300 et 1.600 mètres d'altitude. D'une profondeur variant entre 3 à 40 mètres, une dizaine d'entre eux a fourni des restes d'au moins 500 ours qui, d'après l'analyse phylogénétique de séquences partielles de l'A.D.N mitochondrial, peuvent être inclus dans le clade balkanique. Afin de comprendre pourquoi et comment ces ours bruns se sont trouvés dans ces sites, des opérations de sondages ont été réalisées dans deux d'entre eux : le René Jean (ou MV4) et le réseau des Ammophiles Hérissés (ou MV2). Seul le René Jean fait l'objet de fouilles programmées depuis 1997, après autorisation de l'Office national des Forêts, gestionnaire de la forêt domaniale de Brantes, et de la Direction Régionales des Affaires Culturelles de la région P.A.C.A. Les opérations sont menées à bien grâce à la collaboration du Comité départemental de Spéléologie du Vaucluse et du Groupe Spéléologique de Carpentras.

 

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UNE SOLUTION...
La fouille du René Jean a permis de préciser les modalités de formation du gisement. Le remplissage est composé de trois unités stratigraphiques formées en totalité par un éboulis de type cryoclastique, plus ou moins ouvert, et dont la stratification reconnue est horizontale. La sédimentation s'est effectuée par gravité depuis les parois de l'aven. Le niveau supérieur, d'environ 40 cm d'épaisseur, est composé de blocailles centimétriques et décimétriques sans matrice interstitielle. Dans le niveau intermédiaire, épais en moyenne de 70 cm, les blocs sont mêlés à un sédiment terreux, très riche en charbons de bois. Dans le niveau de base, le dépôt noirâtre est remplacé par un sédiment jaunâtre, sans charbon et macrofaune. Toutefois, un niveau fossilifère plus profond a été identifié, révélant un remplissage plus complexe que prévu.

 

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DE L'OUTILLAGE...
Au René Jean quatre silex ont été découverts à la base de l'unité stratigraphique médiane. L'homme serait-il descendu au fond du puits ? L'absence de trace de décarnisation et de dépouillage sur les ossements ne peut le confirmer. L'industrie récoltée provient plutôt du remplissage de la galerie d'entrée et a été entraînée à la base du puits lors de phases de lessivage. Ces objets pourraient témoigner, sous réserve d'autres découvertes qui viendraient renforcer cette hypothèse, d'une fréquentation assidue du secteur du René Jean par des chasseurs (présence d'armatures) au Néolithique (plus probablement durant les phases récentes de cette période : Chasséen récent et Néolithique final) ; fréquentation clairement attestée au réseau des Ammophiles Hérissés (ou MV2) par la découverte de tessons de poterie et plus tard, au Bronze moyen, à l'aven du vieux Chamois (ou MV 9) par celle d'un sternum de chamois transpercé par une flèche en bronze.

 

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UNE ABONDANCE EXCEPTIONNELLE
Un nombre considérable d'ossements a été découvert (25.000 environ tous sites confondus) qui appartiennent en majorité à l'ours. Au René-Jean, tous les éléments squelettiques sont présents mais très peu de connexions anatomiques ont été observées. Actuellement 28 adultes et 9 sub-adultes sont identifiables. Les données crâniennes, dentaires et post-céphaliques, montrent une nette sur-représentation des femelles sur les mâles. De nombreux os rongés (8 à 10 %) sont présents. Ces traces de morsures et de mâchonnement ne concernent que les éléments postcrâniens (humérus et fémurs principalement) d'animaux adultes et démontrent que quelques individus ont survécu quelque temps à leur chute en consommant des portions de cadavres
Pour tous les sites, les jeunes dominent l'assemblage. Leur âge s'échelonne de 3 mois et une semaine à 5 mois et demi, la majorité ayant 4 mois et une semaine. Il s'agit donc d'individus ayant chuté à la sortie de l'hibernation. Les juvéniles, moins nombreux, sont âgés de 14 à 18 mois (animaux en première année d'autonomie). Les abris du Mont Ventoux sont assimilés à des stations d'hibernation fréquentées, de façon récurrente (continue ?), par des ours et leur progéniture. La présence des mâles peur être interprétée diversement : fréquentation sporadique d'individus erratiques, alternance dans les occupations des abris, attraction des cadavres tombés dans les puits.

 

Les avens du Mont Ventoux : un piège fatal...

DATATIONS
Les datations absolues réalisées montrent que l'ours brun est bien représenté dans la faune sauvage du nord du Vaucluse du début de l'Holocène a + 900 ans après Jésus-Christ. Au René Jean, la mise en évidence d'un niveau fossilifère plus profond atteste la fréquentation du Mont Ventoux au Pléistocène supérieur aussi bien par l'ours brun que par l'homme.
On peut ainsi attester la présence de la fouine entre 7.450 et 7.062 avant Jésus-Christ (Néolithique). Il a aussi été possible de dater un chamois dont le sternum a été transpercé par une flèche en Bronze recouverte par une cal osseuse de cicatrisation. La date obtenue (3.240 ± 50 BP) permet de situer la découverte au début du Bronze moyen.


FAUNE ASSOCIEE
Le René Jean a livré les restes de vingt Mammifères en majorité sauvages (trois carnivores, trois ongulés, trois insectivores, sept rongeurs, quatre chiroptères) et d'au moins huit espèces d'oiseaux attestant d'une biodiversité importante de la grande faune du Ventoux en comparaison de la faune moderne.
Au René-Jean, les rongeurs et insectivores caractérisent un milieu tempéré et fermé à proximité de la cavité. Les campagnols et la taupe indiquent la présence d'un couvert pédologique non négligeable. Des indices montrent qu'au moins une petite partie des petits mammifères terrestres ont la prédation comme origine (rapace). Chez les oiseaux, la présence du grand tétras (Tetrao urogallus) et du vautour moine (Aegypius monachus) est intéressante, ces espèces n'existant plus que dans quelques régions de l'Europe.


LE FEU
De nombreux charbons de bois ont été récoltés au René-Jean. Ils proviennent de l'extérieur et ont été entraînés au fond du remplissage en partie par le ruissellement. Leur analyse montre une évolution de la représentativité des arbres au cours du temps, liée à l'ouverture artificielle du milieu par l'Homme (pastoralisme et feu) : forêt de type caducifoliée dominée par les érables à feuille d'Obier (Acer opalus) et son remplacement par une pinède (groupe anatomique du pin sylvestre (Pinus sylvestris) puis une sapinière (Abies alba). La palynologie corrobore la transformation du milieu et confirme l'existence d'un paysage plutôt ouvert, avec des zones boisées formant une sorte de mosaïque. Parmi les arbres, le chêne (Quercus), le pin de type sylvestre (Pinus silvestris) sont les mieux représentés. Viennent ensuite le genévrier (Juniperus) et l'aulne (Alnus) ; le sapin (Abies) ; l'érable (Acer) et le noisetier (Corylus) sont aussi présents mais moins abondants. Quant au hêtre (Fagus), au tilleul (Tilia), à l'orme (Ulmus) et au saule (Salix) leur présence est sporadique. La strate herbacée est dominée par les Composées.

 

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CONCLUSION
L'aven piège du René Jean doit être considéré comme un site de référence européen pour l'ours brun. Les perspectives scientifiques qu'il offre sont nombreuses. Grâce à l'ensemble des découvertes réalisées, le paléoenvironnement du Mont Ventoux au début de l'Holocène est mieux précisé ainsi que la faune sauvage de l'époque dont la diversité est remarquable.
L'action de l'Homme sur l'évolution du paysage est aussi perceptible. Le pastoralisme, et son associé traditionnel, le feu, semblent bien être à l'origine des premières déforestations qui ont affecté le Ventoux et ce depuis le Néolithique.

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