Présentation
Le Muséum Requien
et ses collections à la Fondation Calvet.
Dès lors, le cabinet de curiosités de ce Musée
devient une véritable institution scientifique : le Muséum Requien est né.
Esprit Requien
Le Muséum doit son essor au naturaliste Esprit Requien (1758-1851), qui est le plus réputé des scientifiques avignonnais de son époque. Issu d'une vieille famille de la bourgeoisie, il se consacre très tôt à la botanique. Dès l'âge de 18 ans, il s'occupe activement du Jardin botanique de la ville d'Avignon et constitue un herbier qui acquiert rapidement une grande importance.
Esprit Requien s'intéresse à la quasi-totalité du monde des Sciences, notamment à la paléontologie et la malacologie, branches pour lesquelles il constitue aussi de riches collections. Il était en contact avec les plus grands scientifiques de son temps et 75 espèces nouvelles lui ont été dédiées : Coilopoceras requienianus, Hyænodon requieni, Tuber requieni, Delphinium requieni, Narcissus requieni etc.
Un genre et une famille de fossiles lui furent même consacrés : en 1842, le géologue marseillais Philippe Matheron attribue « Chama ammonia » à un nouveau genre de Rudiste (un groupe de Mollusques Lamellibranches marins caractéristiques du Jurassique et du Crétacé). Il le dédie à son ami Esprit Requien et l'appelle Requienia. Ce genre a été inclue en 1914 par Henri Douvillé dans la famille des Requieniidae qu'il a créée à cette occasion.
Ce naturaliste, bibliophile averti, investissait des sommes considérables dans l'achat d'ouvrages variés (sciences, histoire locale, littérature etc.). De plus, il collectionnait autographes et objets numismatiques.
En marge de ses activités scientifiques, il était aussi Correspondant du Ministère de l'Intérieur et Inspecteur des Monuments historiques (1839). Cette activité le conduit avec son ami Prosper Mérimée, à s'opposer au projet de destruction des remparts d'Avignon, l'un des fleurons de la Cité papale.
Esprit Requien est connu, dans le monde scientifique, comme un grand botaniste. Il était en relation avec les meilleurs botanistes de son temps : le grand systématicien anglais G. Bentham (1800-1884), C. de Mirbel (1776-1854), Moquin-Tandon (1841-1863), J. Loiseleur-Deslongchamps (1775-1849) et l'illustre A.-P. de Candolle (1778-1841).
C’est un précurseur de la phytosociologie. Il dessine en 1811 une planche intitulée «Statistique des Plantes du Mont Ventoux» qui établit l'étagement de la flore en fonction de l'altitude et de l'ensoleillement. Ce travail inédit sera publié par Charles Martins en 1838 dans son «Essai sur la topographie botanique du Mont Ventoux». Il a très largement contribué à faire connaître la flore du Vaucluse, du midi de la France, notamment celle du Mont Ventoux. Il s'est également intéressé à la végétation de la Corse. Son ouvrage posthume «Catalogue des végétaux ligneux qui croissent naturellement en Corse» fut publié un an après sa disparition (1852) par le préfet de l'île, Rivaud de la Raffinière, à qui il l'avait dédié. Une deuxième édition sera publiée en 1868 à Avignon. Esprit Requien n'a fait qu'une seule publication sur des espèces végétales nouvelles («Observations sur quelques plantes rares ou nouvelles de la flore française»). Les descriptions figurent dans l'ouvrage de J. Guérin («Description de la Fontaine de Vaucluse», 1813. Ces dernières ont été reprises par plusieurs botanistes dont J. L. A. Loiseleur-Deslongchamps, A. P. de Candolle, A. Bertoloni, G. G. Moris, M. Grenier & M. Godron.
Esprit Requien a décrit un total de 26 espèces nouvelles dont huit sont toujours valides : Aegilops neglecta, Bellium nivale, Euphorbia corsica, Galium canum, Galium recurvum, Orobranche salisii, Polygonum scoparium, Utrica atrovirens. Toutes les autres gardent une référence durable à Requien. Si les trouvailles botaniques effectuées en Corse sont dominantes, il faut noter que huit taxons décrits par Esprit Requien font partie de la flore continentale et que deux plantes qu'il a nommées proviennent de l'est du bassin méditerranéen (Grèce, Crète).